2 NOVEMBRE – COMMÉMORATION DES MORTS – FIN (SERMON du St Curé d’Ars) – Une lecture obligatoire

Poursuivons et terminons le sermon du saint curé d’Ars. Il nous fait prendre la mesure de la décadence de notre monde et que l’apostasie répandue par les architectes de la nouvelle Eglise conciliaire n’empêche personne de répondre de ses fautes devant le tribunal du Bon Dieu au soir de la mort. Leur nouvel enseignement est radicalement opposé à celui du saint curé d’Ars.

Il faut penser à dire des messes pour les âmes de nos défunts et gagner des indulgences pour sauver toutes ces âmes qui attendent, supplient notre charité.

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II. – Mais, me direz-vous, comment pouvons-nous les soulager et les conduire au ciel ? – Si vous désirez, M.F., leur prêter secours, je vais vous montrer que c’est facile, 1° par la prière et les aumônes ; 2° par les indulgences, et 3° surtout, par le saint sacrifice de la Messe.

Je dis 1° par la prière. Quand nous faisons une prière pour les âmes du purgatoire, nous leur cédons tout ce que le bon Dieu nous accorderait si nous la faisions pour nous-même ; mais hélas ! que nos prières sont peu de chose, puisque c’est encore un pécheur qui prie pour un coupable ! Mon Dieu, qu’il faut que votre charité soit grande !… Nous pouvons, chaque matin, offrir toutes nos actions de la journée, toutes nos autres prières pour le soulagement de ces pauvres âmes souffrantes. Tout cela est bien peu de chose, il est vrai ; mais voilà : nous leur faisons comme à une personne qui aurait les mains liées et serait chargée d’un pesant fardeau, à qui nous viendrions de temps en temps ôter un peu de cette charge ; peu à peu elle se trouverait délivrée de tout. Il en est de même pour les pauvres âmes du purgatoire, quand nous faisons quelque chose pour elles ; une fois, nous abrégerons leurs peines d’une heure, une autre fois, d’un quart d’heure, de sorte que, chaque jour, nous les approchons du ciel.

Nous disons 2° que nous les pouvons délivrer par les indulgences, qui les conduisent à grands pas vers le ciel. Le bien que nous leur communiquons est d’un prix infini ; car nous leur appliquons les mérites du Sang adorable de Jésus-Christ, des vertus de la sainte Vierge et des saints, qui ont fait plus de pénitences que leurs péchés n’en méritaient. Hélas ! si nous voulions, comme nous aurions bientôt vidé le purgatoire, en appliquant toutes les indulgences que nous pouvons gagner pour ces âmes souffrantes !… Voyez, M.F., l’on peut gagner quatorze indulgences plénières en faisant le chemin de la croix [12] . On le fait de plusieurs manières [13] … Oh ! que vous êtes coupables d’avoir laissé brûler vos parents, lorsque vous pouviez si bien et si facilement les délivrer !

3° Le moyen le plus puissant pour hâter leur bonheur, c’est la sainte Messe, parce qu’alors ce n’est plus un pécheur qui prie pour un pécheur, mais un Dieu égal à son Père qui ne lui refusera jamais rien. Jésus-Christ nous l’assure dans l’Evangile quand il dit : « Mon Père, je vous rends grâce, parce que vous m’écoutez toujours [14]  ! » Afin de mieux vous en convaincre, je vais vous citer un exemple des plus touchants, et qui vous montrera combien est grand le pouvoir de la sainte Messe. Il est rapporté dans l’histoire de l’Église que, peu de temps après la mort de l’empereur Charles [15] , un saint homme du diocèse de Reims, nommé Bernold, étant tombé malade et ayant reçu les derniers sacrements, demeura près d’un jour sans parler, à peine pouvait-on s’apercevoir qu’il fut en vie ; il ouvrit enfin les yeux et commanda à ceux qui le gardaient de faire venir au plus tôt son confesseur. Le prêtre accourut, et trouva le malade tout en pleurs, qui lui dit : « J’ai été transporté en l’autre monde, je me suis trouvé dans un lieu où j’ai vu l’évêque Pardule de Laon, qui passait vêtu de haillons crasseux et noirs, et souffrait horriblement dans les flammes ; il m’a tenu ce langage : « Puisque vous avez le bonheur de retourner sur la terre, je vous prie de m’aider et de me soulager ; vous pouvez même me délivrer et me procurer le grand bonheur de voir le bon Dieu. – Mais, lui ai-je répondu, comment pourrai-je vous procurer ce bonheur ? – Allez trouver ceux à qui j’ai fait du bien pendant ma vie, dites leur qu’en retour ils prient pour moi, et le bon Dieu m’aura en pitié. » Après avoir fait ce qu’il a ordonné, je l’ai revu beau comme un soleil, il ne paraissait plus souffrir, et, dans son contentement, il m’a remercié en disant: « Regardez combien les prières et la sainte Messe m’ont procuré de biens et de bonheur. » Un peu plus loin, j’ai vu le roi Charles, qui me parla en ces termes : « Mon ami, que je souffre ! Va trouver l’évêque Hincmar, dis lui que je souffre pour n’avoir pas suivi ses conseils, mais que je compte sur lui pour m’aider à sortir de ce lieu de souffrances ; recommande aussi à tous ceux à qui j’ai fait du bien pendant ma vie, de prier pour moi, d’offrir le saint sacrifice de la Messe, et je serai délivré. »  J’allai trouver l’évêque, qui se préparait à dire la messe, et qui, avec tout son peuple, se mit à prier dans cette intention. Je revis ensuite le roi couvert de ses habits royaux et tout brillant de gloire : « Regarde, dit-il, quelle gloire tu m’as procurée, maintenant me voilà heureux pour toujours. » Dans ce moment, je sentis l’odeur d’un parfum exquis, qui venait du séjour des bienheureux. Je m’en approchai, dit le Père Bernold, j’ai vu des beautés et des délices que le langage humain ne peut exprimer [16] . »

Voilà qui nous prouve combien nos prières et nos bonnes œuvres, et surtout la sainte Messe, sont puissantes pour tirer ces pauvres âmes de leurs souffrances. Mais en voici un autre exemple, que nous trouvons aussi dans l’histoire de l’Église : il est encore plus frappant. Un saint prêtre ayant appris la mort de son ami qu’il aimait uniquement pour le bon Dieu, ne trouva point de moyen plus efficace pour sa délivrance, que d’aller promptement offrir le saint sacrifice de la Messe. Il commença avec toute la ferveur possible et la douleur la plus vive. Après avoir consacré le Corps adorable de Jésus-Christ, il le prit entre ses mains, et, levant les mains et les yeux au ciel : « Père éternel, dit-il, voilà que je vous offre le corps, l’âme de votre très cher Fils. 0 Père éternel ! rendez-moi l’âme de mon ami, qui souffre dans les flammes du purgatoire ! Oui, mon Dieu, je suis libre de vous offrir ou non votre Fils, vous pouvez m’accorder ce que je vous demande ! Mon Dieu, faisons échange : délivrez mon ami, et je vous donnerai votre Fils ; ce que je vous présente vaut infiniment mieux que ce que je vous demande. » Cette prière fut faite avec une foi si vive, qu’à l’instant même il vit l’âme de son ami sortir du purgatoire et monter au ciel. Il est encore rapporté qu’un prêtre, disant la sainte Messe pour une âme du purgatoire, l’en vit sortir sous la forme d’une colombe et monter au ciel. Sainte Perpétue recommande fortement de prier pour les âmes du purgatoire. Dans une vision, Dieu lui fit voir son frère qui brûlait dans les flammes, et qui, cependant, était mort à peine âgé de sept ans, après avoir souffert presque toute sa vie d’un cancer qui le faisait crier nuit et jour. Elle fit beaucoup de prières et de pénitences pour sa délivrance, aussi le vit-elle monter au ciel brillant comme un ange. Oh ! qu’ils sont heureux, M.F., ceux qui ont de pareils amis !

A mesure que ces pauvres âmes s’approchent du ciel, elles semblent encore souffrir davantage. Elles font comme Absalon : après être resté quelque temps en exil, il revient dans son pays, mais sans avoir la permission de voir son père qui l’aimait tendrement. Quand on lui annonça qu’il resterait près de son père, mais qu’il ne le verrait pas : « Ah ! s’écria-t-il, je verrai les fenêtres et les jardins de mon père, et je ne le verrai pas lui-même ? Dites-lui que j’aime mieux mourir, que de rester ici sans avoir le bonheur de le voir. Dites-lui que ce n’est pas assez de m’avoir pardonné ; mais qu’il faut encore qu’il m’accorde le bonheur de le voir [17] . » De même aussi ces pauvres âmes se voyant près de sortir de leur exil, leur amour pour Dieu, le désir de le posséder deviennent si ardents, qu’elles semblent ne plus pouvoir y résister. « Seigneur, s’écrient-elles, regardez-nous des yeux de votre miséricorde, nous voilà à la fin de nos souffrances. Oh ! que vous êtes heureux, nous crient-elles du fond des flammes qui les brûlent, vous qui pouvez encore éviter ces tourments !… » Il me semble encore entendre ces pauvres âmes qui n’ont ni parents ni amis : « Ah ! s’il vous reste encore quelque peu de charité, ayez pitié de nous, qui, depuis tant d’années, sommes abandonnées dans ces feux allumés par la justice de Dieu ! Oh ! si vous pouviez comprendre la grandeur de nos souffrances, vous ne nous abandonneriez pas comme vous le faites ! Mon Dieu ! personne n’aura-t-il donc compassion de nous ? »

Il est certain, M.F., que ces pauvres âmes ne peuvent rien pour elles-mêmes, mais elles peuvent beaucoup pour nous. Cela est si vrai qu’il n’y a presque personne qui ait invoqué les âmes du purgatoire, sans avoir obtenu la grâce demandée. Cela n’est pas difficile à comprendre : si les saints qui sont dans le ciel et n’ont pas besoin de nous, s’intéressent à notre salut, combien plus encore les âmes du purgatoire, qui reçoivent nos bienfaits spirituels à proportion de notre sainteté. « Ne refusez pas cette grâce, Seigneur, disent-elles, à ces chrétiens qui donnent tous leurs soins à nous tirer des flammes ! » Une mère pourrait-elle refuser de demander au bon Dieu une grâce pour des enfants qu’elle a aimés et qui prient pour sa délivrance ? Un pasteur, qui, pendant sa vie, n’aura eu que du zèle pour le salut de ses paroissiens, pourra-t-il ne pas demander pour eux, même en purgatoire, les grâces dont ils ont besoin pour se sauver ? Oui, M.F., toutes les fois que nous aurons quelque grâce à demander, adressons-nous avec confiance à ces saintes âmes, et nous sommes sûrs de l’obtenir. Quel bonheur pour nous d’avoir, dans la dévotion aux âmes du purgatoire, un moyen si excellent pour nous assurer le ciel ! Voulons-nous demander au bon Dieu la douleur de nos péchés ? Adressons-nous à ces âmes, qui, depuis tant d’années, pleurent dans les flammes ceux qu’elles ont commis. Voulons-nous demander au bon Dieu le don de la persévérance ? Invoquons-les, M.F., elles en sentent tout le prix ; car il n’y a que ceux qui persévèrent qui verront le bon Dieu. Dans nos maladies, dans nos chagrins, tournons nos prières vers le purgatoire, elles obtiendront leur effet.

Que conclure de tout cela, M.F. ? Le voici. Il est certain qu’il y a très peu d’élus qui n’aient passé par les flammes du purgatoire, et que les peines qu’on y endure sont au-delà de ce que nous pourrons jamais comprendre. Il est certain encore que nous avons entre les mains tout ce qu’il faut pour soulager les âmes du purgatoire, c’est-à-dire nos prières, nos pénitences, nos aumônes et surtout la sainte Messe ; et enfin, nous sommes sûrs que ces âmes étant pleines de charité, elles nous obtiendront mille fois plus que nous ne leur donnerons. Si un jour nous sommes dans le purgatoire, ces âmes ne manqueront pas de demander au bon Dieu la même grâce que nous aurons obtenue pour elles ; car elles ont senti combien l’on souffre dans ce lieu et combien est cruelle la séparation de Dieu. Donnons quelques instants, pendant cette octave, à une œuvre si bien placée. Combien vont aller au ciel par la sainte Messe et nos prières !… Que chacun de nous pense à ses propres parents, et à toutes les pauvres âmes délaissées depuis de longues années. Oui, M.F., offrons toutes nos actions pour les soulager. Nous plairons ainsi à Dieu, qui désire tant les délivrer, et nous leur procurerons le bonheur de la jouissance de Dieu même. C’est ce que je vous souhaite.

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