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Par le R.P. Hamon – Il y a une grande différence entre les jouissances du monde et les jouissances de la religion. On désire ardemment les premières avant qu’on les possède parce qu’on n’en connaît pas tout le vide, toute l’impuissance à rendre heureux ; et, après les avoir obtenues par beaucoup de peines et de sollicitudes, on n’en est presque aussitôt dégoûté, parce que l’expérience en fait sentir l’inanité. Le contraire a lieu pour les jouissances de la religion : avant de les goûter, on n’en a aucun désir, parce qu’on n’en soupçonne pas les charmes ; mais une fois qu’on les a goûtées, qu’on en a senti l’excellence et la douceur, on les désire vivement, et plus on les goûte, plus on les désire encore, parce qu’on en sent toujours davantage le prix. La vertu est si belle, elle va si bien au cœur de l’homme, que plus on la pratique, plus on a de zèle pour en exercer les actes. Qui boira de cette eau, dit Jésus-Christ, aura encore soif, c’est-à-dire qu’il désirera toujours davantage avancer dans la pratique de la vertu. Le monde et ses fausses joies lui seront insipides ; il en sera dégoûté, selon cette autre parole de Notre Seigneur : Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif des vains désirs de la terre. Tous ses désirs se porteront vers les joies pures de la vertu, et il sera tout à la fois rassasié et affamé, altéré et rafraîchi : car tel et le propre des biens spirituels, qu’ils rassasient et éveillent la faim, étanchent et allument la soif. On est rassasié, parce qu’on trouve en Dieu tous les biens ; on est affamé, parce qu’en goûtant ces biens on les trouve le délicieux, qu’on les désire toujours davantage. Le cœur ravi chante les louanges de Dieu et de la vertu ; mais c’est un cantique toujours nouveau, parce que toujours de nouvelles beautés s’y révèlent à l’admiration et à l’amour. Jugeons par la mesure de nos désirs à quel degré de vertu nous en sommes.
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