Par Jeffrey A. Tucker – “L’inflation s’est calmée, plus faible que prévu”, pouvait-on lire dans la presse financière lors de la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) pour le mois de juillet. Il suffit de regarder attentivement : lorsque les variations d’un mois sur l’autre sont en baisse, elles sont les seules à faire les gros titres. Lorsqu’ils sont en hausse, comme c’est le cas en juillet, le titre se concentre sur la tendance sur 12 mois. A chaque fois.
L’essentiel du changement est dû à l’immobilier, mais l’IPC est loin de rendre compte de la situation dans son ensemble. En utilisant une statistique “boîte noire” appelée “loyer équivalent propriétaire”, l’IPC est en mesure de contourner complètement les données dont nous disposons sur les prix du logement et de ne pas en faire état. Malgré cela, on continue à nous dire que la vie est plus belle que jamais.
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Nous savons que ce n’est pas vrai. Toutes les personnes à qui vous parlez connaissent les difficultés financières et économiques de notre époque. Elles sont graves et croissantes, et la plupart des données le soulignent aujourd’hui. Le marché de l’emploi, même dans le domaine de l’emploi horaire, se fige, tandis que l’inflation continue de faire des ravages. Il est enfin bien connu que nous avons perdu bien plus de 20% de notre pouvoir d’achat en quatre ans. L’ampleur de cette perte est encore largement sujette à caution, compte tenu des habitudes de consommation.
L’écart entre les données officielles – qui montrent toujours une augmentation de la production réelle – et les enquêtes auprès des consommateurs est frappant à voir. D’une certaine manière, les données économiques officielles de notre époque sont une nouvelle itération du sentiment croissant que l’on ne nous dit pas toute la vérité dans de nombreux secteurs de la vie.
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Il arrive cependant que la vérité éclate. CNN a commandé un sondage bien construit auprès d’environ 2000 personnes au hasard pour connaître leur situation financière personnelle. Résultat : près de 40% des Américains ont du mal à payer leurs factures. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 28% d’il y a seulement trois ans, et plus élevé qu’en 2008-2009, période connue sous le nom de “grande récession”.
Deux tiers des personnes interrogées déclarent que le principal problème auquel elles sont confrontées est le coût de la vie et le paiement de leurs factures. L’Américain moyen dépense près de 1 000 dollars de plus par mois qu’il y a trois ans, simplement pour payer ses frais de subsistance. C’est ce qu’indique Moody’s, mais cela correspond aussi à l’intuition que nous avons tous. Elle suggère une baisse spectaculaire du revenu réel des ménages, en dépit des affirmations du Bureau des statistiques du travail.
L’enquête indique en outre qu’un tiers des Américains déclarent devoir prendre un emploi supplémentaire pour joindre les deux bouts. Cette situation touche de manière disproportionnée les Latinos et les Noirs américains, ainsi que les personnes âgées de moins de 45 ans.
Près de 70% des personnes interrogées déclarent avoir réduit leurs dépenses de loisirs, modifié leurs habitudes d’achat de produits alimentaires et cessé de s’adonner à des activités extravagantes telles que les vacances et les voyages. Trois personnes sur cinq déclarent avoir réduit leurs déplacements en voiture. Les deux tiers d’entre eux ont recours à des cartes de crédit renouvelables dont le taux d’intérêt est supérieur à 20%. Ces tendances ne changent pas malgré l’apparente maîtrise de l’inflation.
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La présidence de la banque centrale américaine affirmait en 2021 que l’inflation était temporaire. Trois ans plus tard, les dures réalités de la comptabilité frappent presque tout le monde. Les effets se font sentir dans tous les secteurs, car les dépenses supplémentaires sont réduites dans tous les domaines.
Le moral des consommateurs n’a jamais retrouvé ses sommets de janvier 2020 et a même chuté d’un tiers.
Curieusement, les États-Unis se trouvent dans une situation similaire à celle du Japon il y a une dizaine d’années. Le Japon n’a pas pu relever ses taux par crainte de mettre à mal le carry trade le plus populaire au monde, qui encourageait à emprunter peu et à gagner beaucoup, mais il est à noter que cela a été l’une des sources de l’instabilité financière mondiale au cours de la première semaine d’août. Ce problème a été résolu une fois de plus par l’assurance d’une augmentation des liquidités…
Nous ne pouvons tout simplement pas continuer à “résoudre” les problèmes de cette manière, comme l’a montré l’inflation de ces trois dernières années. La situation semble relativement calme pour l’instant, mais l’avenir pourrait être marqué par une nouvelle vague, les banques centrales venant à nouveau à la rescousse des économies qui tombent en récession.
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