Par S. Roach – Le rééquilibrage structurel de l’économie – en l’occurrence pour la Chine, passer d’un modèle de croissance tiré par la production à un modèle axé sur la consommation – est une tâche difficile. Depuis 45 ans, le « miracle économique chinois » repose sur l’investissement et les exportations, marginalisant le consommateur dans le processus.
Le 15e Plan quinquennal fixe un objectif clair : faire passer la consommation des ménages de 40 % du PIB en 2023 à 50 % d’ici 2035. Cela impliquerait une croissance annuelle de la consommation des ménages de 7 %, soit plus du double de celle du reste de l’économie.
Un débat s’engage alors : faut-il réduire l’épargne des ménages chinois, traditionnellement très élevée, ou augmenter leur part dans le revenu national ? Martin Wolf (Financial Times) privilégie cette deuxième option. D’autres prônent une approche combinée, mais soulignent que la réduction de l’épargne aurait un effet plus puissant sur le rééquilibrage.
Les chiffres sont révélateurs
Le taux d’épargne des ménages chinois est de 35 % du revenu disponible, contre 7 % en moyenne dans l’OCDE. La part des revenus du travail dans le PIB chinois est de 51 %, contre 58 % dans l’OCDE.
L’écart d’épargne (28 points) est donc quatre fois plus important que celui des revenus du travail (7 points), ce qui justifie de faire de la réduction de l’épargne de précaution une priorité. Cette épargne élevée est en grande partie liée à un manque de sécurité sociale : retraites, santé, chômage.
Le rééquilibrage devrait donc s’appuyer sur : 1) Une extension de la protection sociale (pensions, santé, réforme du hukou) pour réduire la peur qui motive l’épargne. 2) Des politiques de hausse des revenus des ménages : revalorisation du salaire minimum, urbanisation accrue, transferts de l’Etat et des entreprises publiques. Mais ce changement est aussi culturel. L’histoire économique chinoise – de la planification maoïste à l’ère des réformes – a profondément ancré un modèle productiviste, marginalisant le rôle du consommateur.
Un basculement vers une économie de consommation demande donc une transformation profonde du modèle de croissance, soutenue par des objectifs clairs comme celui des 50 % de consommation des ménages dans le PIB. Cela permettrait à la Chine d’avancer vers une société « modérément aisée« , en ligne avec l’ambition de Xi Jinping de parvenir à un niveau de développement comparable à celui des pays avancés d’ici 2049.
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