Les prophéties annoncent qu’une crise économique majeure surviendra avec une crise alimentaire sérieuse et mondiale. Le développement économique de la Chine au cours de cette décennie a provoqué un changement d’habitude alimentaire des Chinois. Ils consomment beaucoup plus de viande, ce qui nécessite encore plus de céréales pour nourrir les bêtes. Or, comme chacun le sait, la Chine importe énormément de céréales des Etats-Unis. Et les récoltes américaines s’annoncent très mauvaises.
En vingt-cinq ans, les Etats-Unis n’ont construit qu’un seul nouveau dépôt d’exportations. Sa localisation est révélatrice d’un changement dans la demande mondiale en matières premières agricoles. En effet, ce nouveau dépôt se trouve sur la Colombia River, dans l’Etat de Washington, à environ 100 km de l’océan Pacifique. Situé dans le port de Longview, ce nouveau terminal va brasser huit millions de tonnes de céréales par an, et il est résolument tourné vers l’Asie, très exactement vers la Chine. Explication d’une revue spécialisée pour les banquiers en matière de perspective de prix agricoles : « En théorie, le prix des matières premières agricoles devrait, à long terme, baisser, et ce pour une simple raison : les innovations technologiques doivent permettre d’améliorer les rendements et la qualité, ce qui fait chuter les prix. C’est en général le cycle habituel qui se produit dans de nombreux secteurs d’activité. Mais le secteur agricole est sur le point de connaître le même virage que celui qu’a connu le pétrole : un changement majeur dans la demande poussera irrémédiablement les prix à la hausse.
Ce changement sera dû à la Chine. Le problème du géant asiatique tient à la disproportion entre ses capacités de production et ses besoins, afin de nourrir sa population. A mesure que la Chine s’industrialise, deux effets viennent tendre la situation du marché agricole. Tout d’abord, la modernisation du pays se fait aux dépens des terres agricoles : usines, villes, aéroports, routes, se construisent sur d’anciens champs. Quant à la population, à mesure qu’elle gagne les villes et s’enrichit, son régime alimentaire change, se diversifie. Déjà à la fin des années 1990, la Chine était passée du statut d’exportateur net de matières premières agricoles à celui d’importateur – elle importe en moyenne 10 % de céréales, afin de répondre à ses besoins, explique le département de l’Agriculture US. La Chine, n’a à sa disposition que 7 % des terres et de l’eau au niveau mondial pour nourrir 22 % de la population sur Terre. Le gouvernement a donc décidé d’accentuer ses efforts pour accroître la productivité agricole.
Aujourd’hui, les Etats-Unis sont les principaux profiteurs du déséquilibre chinois. Ce sont eux qui, principalement, fournissent à la Chine les céréales qui lui manquent. La demande pour les matières agricoles va donc augmenter dans un contexte où les récoltes sont moins bonnes. Non seulement cela va se répercuter sur les matières premières agricoles elles-mêmes, mais aussi sur toutes les entreprises liées au secteur agricole, comme les fabricants de machines ou les semenciers. En effet, à la lumière des récents événements climatiques, bien des interrogations se posent pour les temps futurs, car un peuple que l’on ne peut pas nourrir, c’est incontestablement la certitude de problèmes sociaux monstres… »