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R.P. Hamon – On entend par là une union intime de notre volonté à celle de Dieu, qui fait qu’on ne désire rien autre chose que le divin bon plaisir, qu’on veut tout ce qu’il veut et comme il le veut, qu’on est disposé à aller paisiblement et gaiement partout où il nous appelle, à accepter tout ce qu’il nous envoie, et à faire tout ce qu’il nous demande. Dans cet heureux état, on fait toutes choses avec une entière égalité d’âme, sans se troubler, sans se précipiter par désir d’en finir, sans se retarder par dégoût ou ennui, sans se préoccuper ni du succès, qu’on ne veut qu’autant que Dieu le veut, ni de l’insuccès, auquel on est soumis d’avance si Dieu le veut. On ne tient pas plus à une chose qu’à une autre ; indifférent à tout, sans choix, sans préférence de quoi que ce soit, sans autre amour que celui de la divine volonté, par ce qu’on aime non les choses que Dieu veut, mais la volonté divine qui les veut ; et cette divine volonté est comme un charme très aimable qui, en nous attirant, nous fait aller avec bonheur partout où elle nous veut.
Indifférence sainte, qui n’est ni apathie ni insouciance, mais au contraire l’héroïsme de la volonté acceptant tout ce que Dieu veut, non seulement dans les choses de l’ordre naturel, comme la santé ou la maladie, la beauté ou la laideur, la force ou la faiblesse, la vie ou la mort ; non seulement dans les choses de l’ordre civil, comme les honneurs, les richesses, les dignités ; mais encore dans les choses de l’ordre spirituel, comme les sécheresses ou les consolations, les goûts ou les aridités, dans tous les événements de la vie, toutes les occupations de chaque jour : de telle sorte qu’on est aussi content de s’appliquer à une chose qu’à une autre, et qu’on redit avec bonheur le mot célèbre de Saint François de Sales : Ne rien désirer, ne rien demander, ne rien refuser.
Examinons où nous en sommes de cette vertu dans la pratique.
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