L’homme est souvent déraisonnable de répondre mal aux desseins de Dieu

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R.P. Hamon – N’est-ce pas en effet une chose étrange, que nous qui nous devons tout entiers à Dieu, nous ayons moins de zèle pour l’exécution de ses volontés dans l’ordre de notre salut éternel, que n’en ont les hommes du monde pour de misérables intérêts temporels ?

Cependant, ainsi font, en dépit de l’Evangile, qui anathématise les richesses, les honneurs, les plaisirs, et déclare que le salut et la seule chose nécessaire, bien des gens qui se disent chrétiens. L’homme du monde à un désir passionné de se procurer les faux biens d’ici-bas : et bien des gens qui se disent chrétiens n’ont qu’un désir médiocre de leur salut. Ils n’y pensent que peu, et encore est-ce avec indifférence ; ils ne s’en font pas une affaire sérieuse, et de tous leurs soucis c’est là le moindre.

L’homme du monde écarte avec soin tout ce qui fait obstacle à ses projets. Il veille, il se tient en garde : et bien des gens qui se disent chrétiens veillent peu sur ce qui met leur salut en péril ; lors même qu’ils reconnaissent quelque obstacle salut, ils ne se décident que difficilement à l’écarter ; ils aiment l’occasion qui les expose ; souvent ils ne veulent pas la quitter, et l’on obtient qu’avec peine qu’ils s’en séparent.

L’homme du monde n’hésite devant aucun sacrifice pour atteindre son but, et, sans s’en tenir à des chances probables, il vise toujours au plus sûr, ne néglige aucun moyen de succès, brave les fatigues, les périls, même de mort : et bien des gens, au contraire, qui se disent chrétiens, sont lâches et sans énergie pour ce qui regarde le salut. Ils visent toujours à faire le moins possible, n’examinant pas si ce qu’on leur demande est le meilleur moyen de se sauver, mais si ce moyen est absolument nécessaire, s’ils ne pourraient pas à la rigueur s’en dispenser ; les moindres difficultés les rebutent, la gêne leur fait peur. Ils ne songent ni à réparer les pertes passées en amassant plus de vertus et de mérites, ni à ce précautionner contre les dangers à venir, ni à envoyer devant eux au ciel des richesses spirituelles qui feraient leur bonheur pour l’éternité. Ils ne visent qu’à ne pas se ruiner complètement, c’est-à-dire à ne pas se damner. Oh ! Si nous avions autant de zèle pour nous sauver que l’homme de négoce pour s’enrichir, que l’homme de guerre pour obtenir de l’avancement ; si nous faisions pour le ciel ce que fait le monde pour la poursuite d’un emploi, pour le gain d’un procès, pour le succès de son commerce ou le recouvrement de sa santé perdue, que nous serions bientôt de grands saints ! Tenter vrai la parole de Notre Seigneur dans l’Évangile, que les enfants du siècle sont plus prudents dans les bagatelles qu’ils appellent leurs affaires, que les enfants de lumière dans l’affaire du salut !

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