L’Italie confirme être le maillon faible du projet européen – Partie II

Le secteur manufacturier italien est concentré sur des producteurs à bas prix devenus très vulnérables avec les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale. La dette publique italienne est élevée, son système bancaire est faible et c’est aussi une économie stratégiquement importante, la troisième de la zone euro. Si l’Italie tombe, il y aurait de nombreuses conséquences pour le système bancaire de l’Allemagne et de la France.
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La question n’est même plus de savoir si l’Italie connaîtra une récession. Alors que les écoles, les universités, les théâtres et les cinémas sont fermés et que son industrie touristique extrêmement importante fait face à un chiffre d’affaires en berne, l’économie va nécessairement se contracter sérieusement au premier et au deuxième trimestre de 2020. Jack Allen-Reynolds, économiste européen senior chez Capital Economics, pense que l’économie diminuera de 1% au cours des trois premiers mois de l’année et de 1,5% au deuxième trimestre. Cela suppose que la quarantaine dure jusqu’à fin avril et soit ensuite progressivement levée… Si l’économie devait rester effectivement immobilisée jusqu’à la fin du mois de juin, il pourrait y avoir une baisse de 4,5% de la production au deuxième trimestre !
Le gouvernement italien sait que les banques du pays sont déjà remplies de créances douteuses. Il sait aussi que la BCE n’a pas le droit de l’abandonner sinon l’Europe de l’Ouest connaîtra un immense effondrement. L’enjeu n’est donc pas de savoir si le PIB italien se contracte de 1,5% ou 4,5% au deuxième trimestre, mais si la crise financière se révèle contagieuse. Une conclusion s’impose donc : l’Italie aura besoin d’un soutien massif des partenaires de la zone euro pour éviter de suivre le chemin de la Grèce.
Jusqu’à présent, ce soutien est dit “assuré”. Il faut cependant espérer qu’il sera concret afin de permettre à l’Italie d’émettre sa dette à des taux raisonnables et sans conditions onéreuses susceptibles d’aggraver la crise et/ou conduire à une dévaluation interne via une baisse des salaires, comme cela fut imposé aux pays périphériques de la zone euro en 2012-15.
Une chose est déjà certaine: la réponse de l’Italie au coronavirus va casser les règles du déficit budgétaire posées par l’Europe, laissant les décideurs politiques face à un choix.