La Russie veut-elle une guerre en Ukraine actuellement ? – Partie 3

4Par M. Dejevsky – Le message suivant est venu d’Allemagne où, dans la foulée des adieux militaires d’Angela Merkel après seize ans de chancellerie, le populaire Bild a publié le 4 décembre une énorme “exclusivité”, accompagnée d’une carte élaborée, intitulée : “Voici comment Poutine pourrait anéantir l’Ukraine”. Elle indiquait les positions supposées des troupes russes (à l’intérieur de la Russie) et détaillait un plan russe pour une attaque en trois phases au cours de la nouvelle année. Dans cet article, le nombre estimé de troupes russes déployées “près” de la frontière avec l’Ukraine est passé de 100 000 à 175 000 “potentiels” – un chiffre instantanément promu et répété, sans réserve, par les médias occidentaux.

Il serait peut-être bon de se pencher sur certaines particularités, notamment sur la façon dont ce scénario d’invasion russe a été présenté et comment il a été amplifié pour devenir une menace non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’UE et l’Occident dans son ensemble.
Tout d’abord, nous sommes déjà passés par là. A la mi-avril, on avait annoncé avec assurance que 100 000 soldats russes se rassemblaient près de la frontière avec l’Ukraine, mais il est apparu assez rapidement que ce n’était pas le cas ! La plupart étaient dans leurs casernes, à au moins 200 kilomètres de là. Les fervents démentis de la Russie avaient été rejetés, mais il n’y avait pas eu d’avancée et, avec le temps, les accusations se sont estompées…
Sept mois plus tard, en novembre, le même nombre de troupes russes aurait été repéré, réparties entre la frontière orientale de l’Ukraine – dans le Donbass – et sa frontière nord. Pourquoi ce nombre est-il soudainement passé à 175 000 ? Est-ce parce que les satellites espions américains – dont les images granuleuses apparaissent périodiquement comme preuves à l’appui – l’ont vraiment montré ? Ou peut-être parce que certains experts militaires occidentaux ont fait valoir qu’une force de 100 000 hommes était bien trop faible pour pacifier l’Ukraine, et que les chiffres devaient donc paraître plus convaincants ?
Ce qui nous amène à l’objectif supposé de la Russie.
L’une des théories occidentales favorites est depuis longtemps que Poutine ne veut pas seulement ramener l’Ukraine dans la sphère d’influence de la Russie, mais aussi reconstruire l’Union soviétique, restaurer l’Empire russe ou, à tout le moins, créer une nouvelle fédération dirigée par la Russie avec l’Ukraine et le Belarus.
Toutefois, quel que soit le point final présumé, de nombreux observateurs occidentaux de la Russie considèrent que l’impasse militaire actuelle qui touche une petite partie de l’Ukraine est globalement satisfaisante pour Moscou. Le Donbass reste un conflit “gelé” familier dans lequel la Russie conserve suffisamment de poids pour exercer une influence, avec un coût minimal en termes de troupes, d’armes et de risques.


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