Paul Antonopoulos – L’Union européenne a annoncé le 4 mai son intention d’interdire les importations de pétrole russe dans les six mois et les produits raffinés d’ici la fin de l’année dans le cadre de sa dernière série de sanctions économiques contre Moscou. Selon Oil Price, le baril a grimpé à plus de 110 dollars pour le Brent et à 108 dollars pour le West Texas Intermediate à la suite de l’annonce de la Commission européenne. Par conséquent, interdire les importations de pétrole russe est non seulement une tâche assez ardue, mais le coût de cette décision sera élevé.
“A court terme, elle pourrait laisser les revenus russes élevés tout en impliquant des conséquences négatives pour l’UE et l’économie mondiale en termes de prix plus importants- sans parler des risques de représailles [de la Russie] sur les approvisionnements en gaz naturel”, a averti le groupe de réflexion économique Bruegel, basé à Bruxelles, après l’annonce de la Commission européenne. Un diplomate européen a toutefois déclaré à EURACTIV sous couvert d’anonymat que “politiquement, l’Europe ne peut pas se permettre de ne pas adopter le sixième paquet [de sanctions économiques].”
L’UE sera une fois de plus divisée, car son rare exemple de posture géopolitique est remis en question par les intérêts économiques des différents Etats membres. La Hongrie et la Slovaquie s’opposent à la proposition de la Commission européenne alors qu’elles ont jusqu’à la fin de 2023 pour abandonner progressivement le pétrole russe. Dans le même temps, la Bulgarie et la République tchèque ont également demandé à bénéficier d’une telle prolongation.
Selon certaines sources, la Grèce a soulevé des objections à l’encontre d’une autre proposition visant à interdire à toutes les compagnies maritimes appartenant à l’UE ou ayant des intérêts européens de transférer du pétrole russe en Europe ou ailleurs, ce qui revêt une importance majeure puisque le pays méditerranéen possède la plus grande flotte marchande du monde. Bien qu’Athènes soutienne profondément toutes les actions hostiles de l’UE contre la Russie, comme l’expulsion de diplomates, l’imposition de sanctions et même l’envoi d’armes à l’Ukraine qui auraient pu finir dans les mains du bataillon Azov qui a persécuté la minorité grecque, la menace des profits des oligarques grecs provoque l’un des rares cas d’opposition du parti au pouvoir en Grèce, Nouvelle Démocratie.
Nouvelle Démocratie est traditionnellement le parti pro-US/néo-libéral de la Grèce qui a servi les intérêts des oligarques du pays, en particulier les armateurs. Il faut savoir que 71% des Grecs ont déclaré dans un sondage que la position de la Grèce dans la guerre d’Ukraine devrait être neutre, ce qui a été catégoriquement ignoré par le gouvernement grec qui a plutôt soutenu l’Ukraine. Cependant, dès que les profits des armateurs sont menacés, et non au cours des derniers mois où les citoyens ont dû faire face à la hausse des coûts de l’énergie et des denrées alimentaires, Athènes a exprimé sa première préoccupation à l’égard des sanctions anti-russes de l’UE.
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