Le projet de la Commission européenne d’interdire les importations de pétrole russe – Partie 2

Paul Antonopoulos – En théorie, bien que le pétrole russe puisse être éliminé de la plupart des pays de l’UE en six mois, la tâche n’en sera pas moins très difficile, surtout si l’on tient compte du fait qu’il y a actuellement une pénurie d’énergie. En outre, l’imposition d’une telle politique pourrait entraîner une accumulation de chocs dans l’économie de l’UE.

L’économie russe sera naturellement affectée, puisqu’elle sera privée d’un marché important. Mais ce qui est plus préoccupant, pour les citoyens européens du moins, c’est la prise de conscience des effets que les sanctions anti-russes auront, même sur leur propre vie quotidienne. Et tandis que les Européens souffrent de la hausse des coûts de l’énergie et des denrées alimentaires, l’Asie pourrait bien devenir le principal marché d’exportation de Gazprom d’ici cinq à sept ans.

Bien que cela ne compense pas la perte de l’UE en tant que marché pétrolier, le transfert de la plupart des exportations vers des marchés asiatiques, beaucoup plus amicaux, atténuera les effets des sanctions occidentales, même si ce transfert peut prendre plusieurs années, comme on vient de le dire. Bien que le problème soit le prix de l’approvisionnement et le développement de l’infrastructure de transport de gaz correspondante, y compris dans des pays comme la Chine, il est rappelé que le président russe Vladimir Poutine a donné une directive au gouvernement pour qu’il soumette un plan d’ici le 1er juin sur la manière de construire l’infrastructure correspondante. La directive demandait une proposition pour un développement à grande échelle d’un système de gazoducs en Sibérie orientale, visant à diriger le flux des exportations de gaz vers le marché chinois.

La Chine consomme actuellement environ 350 milliards de mètres cubes de gaz par an, tandis que la majeure partie du bilan énergétique (environ 70%) reste constituée de charbon. La demande de gaz en Chine devrait passer à 450-480 milliards de mètres cubes d’ici 2025 et, dans les dix prochaines années, avec l’élimination progressive du charbon, peut-être même à près de mille milliards de mètres cubes de gaz par an.

Actuellement, les fournitures de gaz russe à la Chine arrivent par le gazoduc “Power of Siberia”. Les livraisons par cette voie ont commencé fin 2019 et ont atteint 4,1 milliards de mètres cubes en 2020. Il est prévu que le volume d’approvisionnement annuel augmente progressivement jusqu’à atteindre sa capacité de 38 milliards de mètres cubes en 2025. En tenant compte du nouvel accord signé en février, la capacité totale de gaz fournie à la Chine, via le gazoduc Extrême-Orient, pourrait atteindre 48 milliards de mètres cubes par an.

De cette manière, bien que la Russie soit pénalisée à court terme par la perte du marché européen pour son pétrole, cette action ne fera que propulser le flux d’énergie russe vers l’est, vers une Asie qui ne cesse d’augmenter sa demande. Il est tout aussi intéressant de noter que l’Europe promet sans cesse que les sanctions contre la Russie ne peuvent pas nuire aux citoyens européens dans la même mesure, mais le sevrage du pétrole russe dans un délai de six mois ne fera qu’augmenter la probabilité d’un tel résultat.

 

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