”Il vous est utile que je m’en aille”

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Par le R.P. Hamon – Parfois, nous sommes confrontés à des sécheresses spirituelles : elles consistent en un retrait de la lumière de Dieu qui éclaire l’âme, ou de son onction qui la touche. Alors, les prières, les exercices de piété sont alors sans attrait. Ce que l’on doit faire par nécessité à l’égard du bon Dieu, comme par exemple nos prières quotidiennes, sont alors sans charme.

Ces sécheresses sont de deux sortes : les unes sont une épreuve que Dieu envoie aux âmes ferventes ; les autres sont un effet ou un châtiment de la tiédeur.

Premièrement, l’âme fervente que la sécheresse éprouve gémit devant Dieu de l’état de misère et d’impuissance où elle languit. Elle s’en humilie et voudrait embrasser d’amour tout l’univers pour suppléer à la froideur de son cœur. L’âme tiède, au contraire, ne gémit point de sa langueur ; elle n’a aucun souci de son état et ne le sent même pas.

Deuxièmement,  l’âme éprouvée est dans une crise violente, d’où elle tend sans cesse à sortir. Pensant au mal qui échappe à sa faiblesse, au bien qu’elle devrait faire et qu’elle ne fait pas, se comparant aux âmes ferventes et s’en voyant éloignée, elle éprouve cette crainte et ce tremblement avec lesquels l’apôtre veut  qu’on opère son salut. Confondue d’avoir si peu fait pour Dieu, elle conçoit un immense désir de faire mieux, et s’anime à une vie meilleure. L’âme tiède, au contraire, se trouve bien comme elle est. Considérant le mal qu’elle ne fait pas et le peu de bien qu’elle fait, se comparant aux personnes relâchées auxquelles elle se préfère, faisant d’ailleurs profession de ne pas aspirer à la haute perfection et de s’en tenir à la médiocrité, elle vit tranquille et présomptueuse dans son état, sans crainte de Dieu, sans songer à devenir meilleur.

Troisièmement, l’âme fervente, malgré ses aridités, n’en est pas moins exacte à tous ces exercices, qu’elle fait le moins mal qu’elle peut; à tous ses devoirs, auxquels elle sacrifie volontiers ses aises et son plaisir : à toutes les pratiques pieuses qu’elle estime lui être nécessaires précisément en raison de l’état où elle se trouve. L’âme tiède, au contraire fait mal ses exercices, les abrège ou les omet entièrement, ne veut s’assujettir à rien de ce qui la gêne, l’ennui ou lui déplaît ; elle ne fait aucun cas des petites choses qui ne reviennent pas à son goût, et ne veut point comprendre qu’il n’est rien de petit dans le service de Dieu, que les grandes choses ne se maintiennent que par les petites, et que c’est une grande chose d’être fidèle jusque dans les plus petites choses.

Jugeons, d’après ces remarques, si nos sécheresses sont une épreuve de Dieu ou un effet de notre tiédeur.

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