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Dieu est éminemment riche, non seulement parce qu’il possède en lui-même une infinité de perfections, qui sont les plus splendides richesses, mais encore parce qu’il est le maître absolu de toutes choses, de tous les biens de la nature, de tous les biens de la grâce, des richesses inestimables de la gloire ; et il pourrait créer encore des milliers de mondes plus riches et plus magnifiques sans que le fonds de richesse qui est en lui en fut ni épuisé ni diminué. Réjouissons-nous de ce que Dieu est si riche, et estimons-nous heureux d’appartenir à un tel maître. Quand on aime on se complaît dans tout ce qui honore la personne aimée.
Nous nous devons tout à Dieu
Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes appartient essentiellement et absolument à Dieu, puisque, comme notre créateur et conservateur, il est essentiellement notre souverain maître. En nous communiquant ses biens, il n’a pas entendu se dessaisir de son droit ; il s’en est réservé la propriété, et nous en a confié seulement l’administration ou la gestion, avec charge de les gérer, non à notre gré et selon nos caprices, mais selon sa volonté. Nous ne sommes que des serviteurs ou des agents qui n’ont pas même la propriété du pain qu’ils mangent ni de l’eau qu’ils boivent, et il a droit de nous chasser et de nous punir si nous gérons ses biens autrement qu’il ne l’entend.
Ce principe posé, il s’ensuit que si Dieu nous a donné les biens de la fortune, c’est à condition qu’après en avoir prélevé notre nécessaire, nous emploierons le reste aux besoins des pauvres ; s’il nous a départi soit les biens de l’intelligence, soit certains avantage du corps, soit certains dons naturels ou surnaturels ; si à chaque instant il ajoute à notre existence le bienfait d’un nouveau moment, c’est à condition que nous n’userons de tout cela que selon son gré, sans disposer de rien par caprice, par amour du monde et de nos aises, par vanité ou sensualité ; et toutes ces exigences sont en son droit.
A tout moment il peut nous dire, et il nous dira certainement un jour : Rendez-moi compte de votre administration. Qu’avez-vous fait de tous mes biens ? Qu’avez-vous fait de la fortune dont je vous ai confié la gestion ? Avez-vous fait la part exacte du pauvre, ne prenant pour vous que le nécessaire ? Qu’avez-vous fait de votre intelligence ? L’avez-vous appliquée à des choses utiles et dans l’ordre de vos devoirs, ou ne l’avez-vous point paralysée par la paresse, pervertie par de mauvaises lectures, de mauvaises pensées, de mauvaises conversations, ou mise au service de l’amour-propre et de l’orgueil ? Qu’avez-vous fait de votre corps ? N’en avez-vous point fait un esclave de la vanité, une idole de la sensualité ? Qu’avez-vous fait de votre temps ? En avez-vous économisé toutes les parcelles ? Qu’avez-vous fait de mes grâces ? N’y avez-vous point été infidèle ? Rendez-moi compte et du mal que vous avez fait, et du bien que vous deviez faire et que vous n’avez pas fait, et du bien que vous avez mal fait en y mêlant la négligence, la lâcheté, l’amour-propre : car ce n’est pas assez de faire le bien, il faut encore le bien faire.
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