.
Par le R.P. Hamon – Le temps vaut 1°) autant que le ciel : car le ciel est la récompense assignée par Dieu même au bon emploi du temps. Un seul moment bien employé valut au bon larron, malgré les crimes de sa vie antérieure, la possession du paradis. Et lors même que, par la sainteté de notre vie, nous sommes dignes du paradis, un nouvel instant bien employé peut nous valoir encore un nouveau degré de gloire et de bonheur pour toute l’éternité, c’est-à-dire comme un nouveau ciel dans le ciel même.
Le temps vaut 2°) autant que le sang de Jésus-Christ : car ce sang est le prix auquel nous ont été achetés tous les moments de notre existence ; c’est comme la monnaie qui représente la valeur du temps. Si donc ce sang s’appelle précieux, le temps doit nous être précieux dans la même proportion, c’est-à-dire au-delà de toute parole : car qui pourrait dire la valeur de ce sang, dont une seule goutte eût suffi pour racheter mit le monde ?
Le temps vaut 3°) autant que Dieu même : car chaque instant bien employé peut nous valoir la possession de Dieu pour toute l’éternité.
4°) Enfin, le temps est d’un si haut prix, que Dieu ne le donne que goutte à goutte, si je puis ainsi dire, sans accorder deux instants à la fois. On n’en peut jouir qu’un court moment qui passe comme l’éclair ; et, si on manque de le saisir au passage, il est perdu pour toujours, perdu irréparablement : car ni le temps passé ne revient, ni un autre temps ne peut le réparer, par la raison : 1° que c’est autre temps est déjà dû à Dieu, et que ce qui est dû ne saurait inquiéter d’autres dettes. 2° que le temps, pouvant nous être enlevé à chaque instant, est la chose du monde la plus incertaine, et qu’une chose incertaine ne peut être assignée comme le paiement d’une dette certaine : d’où il suit que c’est pour nous un devoir de faire par rapport au temps ce que font ceux qui, ayant peu de revenus, n’en perdent pas la moindre partie en dépenses inutiles, et tirent de ce qu’ils ont le meilleur parti possible.
Est-ce ainsi que nous avons estimé le temps ?
.
.
