De quel bonheur Dieu récompense dès ici-bas les âmes mortifiées

.

R.P. Hamon – Quand Dieu voit à son service ces âmes généreuses qui ne craignent pas de lui faire des sacrifices, il ne se laisse point vaincre en générosité : il se plaît à verser sur elles ses consolations et ses délices ; il leur rend à proportion qu’elles lui donnent, et c’est entre elles et lui comme une sainte émulation d’amour. Ces grands cœurs, ces vrais chrétiens sont ravis de trouver des occasions de souffrir et de se faire violence. Bien loin de laisser échapper celles qui se présentent, quelque opposées qu’elles soient à leur humeur, ils les saisissent avec joie, comme un des plus grands bonheurs de la vie, sans jamais dire : ce n’est pas d’obligation, je trouverais assez d’autres occasions de me mortifier ; ce sera pour une autre fois.

Si quelqu’un les mortifie, ils ne s’en troublent point ; ils n’en ont pas le moindre ressentiment, et ils agissent toujours à son égard avec la même cordialité. Jamais il ne leur arrive de se plaindre des difficultés qui accompagnent la vertu, ni de décrier les exercices de piété, sous prétexte qu’ils sont pénibles. Toujours prêts à renoncer à toute satisfaction, même permise, qu’ils pourraient prendre en cette vie, ils se tiennent dans un éloignement continuel des voluptés du monde, des contentements de la chair, de toute délicatesse de toute superfluité. Enfin, comme ils savent que le corps est un esclave, qui, bien nourri, se révolte contre son maître, ils l’affaiblissent, ils le tiennent dans la dépendance ; jamais ils ne s’arrêtent aux plaisirs qui se trouvent dans l’usage des créatures, et cherchent à se conformer en tout à Jésus crucifié. Mais aussi que Dieu les dédommage magnifiquement de ces privations ! Croyons-en le grand apôtre, qui s’écrit : Béni soit Dieu… le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos tribulations… Je surabonde de joie parmi toutes mes épreuves… le Dieu qui console les humbles nous console. Croyons en Saint-François-Xavier : de grandes souffrances lui sont montrées dans la carrière où il va entrer ; il en demande encore davantage. A cet instant il est récompensé par un océan de joie et de bonheur qu’il ne peut plus contenir, et qui le force à s’écrier : Assez, Seigneur, assez !

Et nous aussi, ayons le courage de renoncer à la volonté propre pour mettre de l’ordre dans l’emploi de notre temps, de sacrifier seulement un désir, un regard, une sensualité, une parole ; et nous sentirons ce qu’il y a de joie et de bonheur à faire quelque chose pour Dieu ; et la grâce viendra dans notre âme nous faire redire le mot de Saint Louis de Gonzague : qu’un petit sacrifice qu’on fait pour Dieu procure mille fois plus de jouissances à l’âme que n’en eût donnée la chose sacrifiée.

.

.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *