Est-ce que nous entrons dans une période de guerre des devises ? Les dernières déclarations faites par des personnalités de l’administration Trump vont tout à fait dans ce sens. Cette administration s’apprête à sanctionner des pays qui manipuleraient leur devise pour tirer un avantage sur le plan de la compétitivité commerciale. Bien évidemment, les États-Unis n’ont jamais manipulé le dollar…
Nous avons déjà connu une crise financière aiguë en 1997, notamment avec les économies émergentes, lesquelles s’étaient engagées dans une série de dévaluations concurrentielles de leurs devises.
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La crise avait débuté après un arrêt brutal de la croissance phénoménale de ces économies, les “tigres d’Asie”, provoquant des krachs boursiers, ce qui avait entraîné des implications brutales sur la valeur de leurs devises. La récession avait duré à peu près deux ans et le FMI avait prêté l’équivalent de 110 milliards de dollars à la Corée du Sud, à l’Indonésie et à la Thaïlande. En échange, comme d’habitude, les gouvernements de ces pays avaient promis d’appliquer des mesures d’austérité strictes, notamment en levant des impôts supplémentaires, en réduisant les dépenses publiques, en lançant un programme de privatisation et en appliquant une politique monétaire de taux élevés.
Tout avait commencé avec la défaillance d’un grand promoteur immobilier et d’une société financière en Thaïlande. Le bath thaïlandais avait alors été incapable de rester ancré au dollar américain et il avait dévalué. D’autres devises avaient suivi comme le ringgit malaisien, ou encore la roupie indonésienne et le dollar de Singapour.
Cette crise avait entraîné une flambée de l’inflation dans ces pays émergents, ainsi que des pertes d’emplois considérables ainsi q’une chute spectaculaire du niveau de vie des populations. Par contre, du fait des dévaluations, le tourisme avait explosé la hausse…
A l’époque, la guerre des devises entre les grandes puissances mondiales avait pu être circonscrite à une seule grande région. Mais qu’en serait-il aujourd’hui, vingt ans plus tard, si le dollar était à l’origine d’un scénario identique à l’échelle mondiale ?
Une baisse du dollar pourrait très bien survenir entre les différents partenaires commerciaux des États-Unis. Et entre la guerre commerciale et la guerre monétaire, il n’y a qu’un pas !
Les États-Unis, la Chine et l’Union européenne approchent de ce scénario aux conséquences redoutables. La question est d’autant plus dramatique que la Chine peut très bien subir une crise de confiance à la suite de troubles économiques d’une ampleur insoupçonnée dans le prolongement du coronavirus. Le président Trump commence déjà à critiquer la Chine pour mener une dévaluation injuste de sa monnaie afin de contrecarrer et d’annuler les effets des milliards de droits de douane que les États-Unis ont prélevée contre elle, en réduisant la valeur du yuan.
Cela fait de nombreux mois que le président américain critique la politique de la banque centrale américaine et réclame un dollar faible afin d’aider les entreprises américaines dans leurs exportations. Cette politique est, selon lui un moyen de ramener des emplois aux États-Unis et de reconstruire les bases du secteur manufacturier américain. Il est bien certain qu’un dollar élevé implique implacablement un déficit commercial de plus en plus important.
Si jamais les États-Unis s’engageaient de manière plus marquée dans une guerre des devises, en visant notamment son principal concurrent qui est la Chine, les mesures prises impacteraient nécessairement les partenaires commerciaux des États-Unis.
Pour l’instant, les États-Unis ont encore suffisamment de pouvoir pour contraindre la majorité des pays à se plier à leur volonté. Mais le monde est en train de changer. Comme nous l’analysons depuis quelques mois dans la lettre confidentielle LIESI, il y a une poussée croissante pour diminuer le rôle du dollar dans le système monétaire international. La banque centrale européenne encourage une utilisation plus importante de l’euro à l’échelle internationale, alors que la Chine multiplie les accords d’échange de devises afin de promouvoir sa devise.
Nous marchons sur des œufs et le temps qui passe nous rapproche d’une situation que de nombreux analystes redoutent : le jour fatidique où les acteurs financiers du monde entier douteront de la puissance américaine.
La dette des consommateurs a bondi de 187 milliards de dollars au 4e trimestre 2019 par rapport à l’année précédente. Elle établit un record à 4200 milliards de dollars selon les données de la Réserve fédérale.
Combien d’argent imprimé à travers ces emprunts a vraiment contribué au PIB américain ? Dans cette manne de dettes, le PIB n’aurait pas progressé de 2,3% en 2019 mais seulement environ de 1,8%.
Et si l’on prend la mesure de cette dette par rapport à la taille de l’économie américaine, ce 4200 milliards de dollars de dettes à la consommation représentent moins de 20 % du PIB nominal. C’est bien évidemment un record…
SOMMAIRE DE LA LETTRE CONFIDENTIELLE LIESI
SOMMAIRE DE LA LETTRE LISO
SOMMAIRE DE LA LETTRE DES PROPHETIES