Causes les plus ordinaires de nos sécheresses

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R.P. Hamon – Adorons Dieu nous faisons goûter de temps en temps, pour soutenir notre faiblesse, les douceurs de son service et le lait de ses consolations. Humilions-nous en sa présence, de ce que si souvent, comme dit saint Bernard nous laissons ce lait précieux s’écouler par l’ouverture de nos sens se dissipés. Demandons-lui la grâce de corriger en nous ce grand mal.

Il est parmi les chrétiens une illusion trop commune, qui rejette toutes les peines intérieures sur Dieu et la vertu, comme si Dieu n’appelait l’homme à son service que pour le rendre malheureux, comme si la vertu était une terre qui dévore ses habitants, et la perfection chrétienne qu’un état où l’on ne trouve qu’amertume.

Sans doute Dieu envoie quelquefois des aridités aux meilleures âmes pour les sanctifier, pour les épurer et accroître leurs mérites. Mais le plus souvent les sécheresses et les difficultés que nous éprouvons dans la prière et la méditation ont leur cause en nous. La cause générale, c’est la tiédeur, comme nous l’avons déjà médité. Mais cette cause se diversifie en différentes branches qu’il nous importe de bien connaître. Ce sont les passions qui nous dérèglent, l’amour-propre qui nous distrait, les désirs qui nous préoccupent, la curiosité qui, nous remplissant des nouvelles du siècle et de l’image des objets extérieurs, ne peut plus se fixer en Dieu. C’est la négligence à gouverner notre imagination vagabonde, à réprimer notre volonté propre, à détacher notre cœur de tout ce qui le retient à la terre. Une étrange contradiction!

Nous voudrions être recueillis dans l’oraison, et nous sommes volontairement dissipés partout ailleurs. Nous voudrions avoir en nous l’onction de la piété, et nous y entretenons mille pensées vaines, attaches et désirs, qui, semblables à une éponge, tire toute onction du cœur, le dessèchent et l’épuisent jusqu’à n’y laisser ni goût ni sentiment pour les choses divines.

Mille fois dans la méditation, à la communion, à la visite du Saint-Sacrement, Dieu nous a donné un sentiment de ferveur, une consolation spirituelle qui dans ses desseins devait soutenir notre faiblesse. Et, au sortir de là, nous avons laissé nos regards se promener partout où la curiosité les attirait. Nous avons cédé à une fantaisie, à un caprice, pris une part trop vive à une conversation frivole, à une nouvelle, perdu le temps à une pensée vaine, à une imagination inutile : aussitôt toute la douceur de la piété s’en est allée; nous nous sommes trouvés froids, languissants, dégoûtés.

N’en soyons pas surpris, notre Dieu est un Dieu jaloux. Nous le quittons pour la créature, il nous quitte à son tour. L’esprit de grâce et de prière ne peut s’allier avec le libertinage de l’esprit qui s’épanche au-dehors, du cœur qui s’attache, de l’imagination qui voltige. Nous ne devons donc imputer qu’à nous-mêmes la plupart de nos sécheresses, et, au lieu de nous en prendre à Dieu et à la vertu, en chercher la cause en nous seuls, retrancher cette cause, et subir en esprit de pénitence l’état où nous nous trouvons, comme un juste châtiment de notre faute.

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