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Par R.P. Hamon – Il est impossible de concevoir un cœur qui aime Dieu, et qui ne mette pas son bonheur à lui plaire. Parmi les hommes mêmes, chez qui l’amour est imparfait, on ne connaît point de plus douce jouissance que de se conformer au bon plaisir de la personne aimée. Aussi, plaire à Dieu est la seule ambition du cœur où règne le saint amour ; c’est sa seule prétention en ce monde, l’unique but de tous ses actes comme de tous ses projets. On ne vit que pour dire avec l’apôtre : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Ou avec le Psalmiste : qu’y a-t-il au ciel ou sur la terre que je désire, si ce n’est vous, ô le Dieu de mon cœur ?
Vouloir autre chose, ce serait soustraire à l’amour de Dieu une partie de soi-même, et ce partage fait frémir l’âme qui aime ; ce serait substituer la volonté de la créature à la volonté du Créateur, et cette substitution révolte l’amour ; ce serait oublier que Dieu sait mieux que nous ce qui nous convient, que rien n’est plus sage ni meilleur que le divin bon plaisir ; et un pareil oubli est une injure intolérable à l’amour. Voilà pourquoi l’âme qui aime se conserve dans une si parfaite égalité de cœur parmi la si grande inégalité des événements.
Que tout soit renversé sans dessus dessous, non seulement autour d’elle, mais en elle ; qu’elle soit triste ou joyeuse, en douceur ou en amertume, en paix ou en trouble, en clarté ou en ténèbres, en goût ou en dégoût ; que le soleil de la brûle ou que la rosée la rafraîchisse, elle est toujours la même ; et, le regard fixé sur le bon plaisir de Dieu, elle ne sait que chanter l’hymne d’éternel acquiescement : Père, que votre volonté soit faite en la terre comme au ciel.
Elle se plaît dans la solitude quand Dieu l’y place ; elle se plaît dans la conversation quand Dieu l’y veut. Elle ne tient pas plus à une manière de servir Dieu qu’à une autre ; et, si elle prie, elle n’est point impatiente de voir sa prière exaucée ; elle attend en paix le moment de Dieu. Sont-ce bien là nos dispositions ?
Prenons la résolution d’être toujours contents de Dieu, de la condition où il nous a mis, des talents qui nous a départis, de la position qu’il nous a faite ; de ne rien désirer, rien demander, rien refuser, mais de vouloir simplement en toutes choses le bon plaisir de Dieu.
Notre bouquet spirituel sera la troisième demande de l’oraison dominicale : O Père ! Que votre volonté soit faite en la terre comme au ciel.
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